Poutine, la guerre froide des médias

Crédits : ALEXEY DRUZHININ / RIA-NOVOSTI
Crédits : ALEXEY DRUZHININ / RIA-NOVOSTI

Le livre de Tania Rakhmanova, « Au coeur du pouvoir russe, enquête sur l’empire Poutine » est un ouvrage fascinant et effrayant, décryptant les rouages du régime autoritaire de Vladimir Poutine. Culture et Vous, en association avec Bric et Brac s’est concentré principalement sur les médias russes et internationaux. Après une première partie sur la manipulation des télévisions et journaux russes par le pouvoir, publiée sur le blog Bric et Brac, Culture et Vous recense les divers points de vue des médias internationaux. 

Une guerre froide des médias, voilà ce que le monde vit aujourd’hui, entre la Russie et l’Occident. Guerre médiatique et guerre d’images, où Vladimir Poutine tire bien son épingle du jeu, en instruentalisant les médias russes. Néanmoins, il ne peut empêcher les critiques acerbes de la presse internationale.

L’une des premières opérations de Vladimir Poutine a été de s’assurer le contrôle des médias. Il a réussi à s’approprier la machine de guerre qu’est la télévision russe, connue pour son influence sur l’opinion de la population. Aujourd’hui, les médias sont sous la tutelle quasi totale du Kremlin. Il a par exemple mis au pas la chaine de télévision NTV. « Le nouveau petit père du peuple » a su faire des médias russes un allié de taille, alors que les journalistes occidentaux s’obstinent à le diaboliser.

Poutine « superstar »

Tout commence le 31 décembre 1999, lors du discours officiel d’adieu de Boris Eltsine. Cet événement marque le début de l’ascension de Vladimir Poutine. Ce soir là, il se rend avec sa femme et des caméras de télévision en Tchétchénie. Juste après le discours de Boris Elstine, la télévision russe montre des images du nouveau président vêtu d’un pull et blouson de sport…… Lire sur Bric et Brac

Vladimir Poutine vu du reste du monde

Crédits : Dilem

Les relations entre la Russie et l’Occident ne sont clairement pas au beau fixe, et cette tension se ressent dans la plupart des articles de presse occidentaux. Si Vladimir Poutine est toujours accepté dans les grands sommets internationaux, les journalistes sont pour la majorité d’entre eux ligués contre l’homme politique. Aucun journal ne parle de son influence positive notamment sur l’économie russe (le PIB a été multiplié par huit depuis son arrivée au pouvoir), mais tous critiquent sa très douteuse vision de la notion de liberté d’expression.

Et cette prise de position journalistique influence les populations touchées. Selon une étude publiée par Transatlantic Trends en septembre dernier, 71% des Américains et 68% des Européens sondés ont une opinion défavorable de la Russie. En France, le régime russe de Vladimir Poutine est considéré comme une dictature par le plus grand nombre, quitte à caricaturer les choses. Ainsi, Thomas Guénolé, politologue et maître de conférence pour Sciences Po, avait recensé tous les termes utilisés par les médias français pour caractériser l’action de Poutine. En premier lieu, l’utilisation de l’expression « Etat-policier », qui ne correspondrait pas en réalité, selon le politologue, à la vérité, dans une Russie où la politique en matière de police serait défaillante.

L’Allemagne, une fois encore est très critique à l’égard de Vladimir Poutine, dans un autre registre. Plutôt que de dénoncer son action dans son propre pays, ils réagissent vis-à-vis de l’implication du président russe à l’international. Ainsi, depuis la crise en Crimée, les Allemands dénoncent une stratégie de « guerre froide » initiée par Vladimir Poutine.

La position des Etats-Unis est plus trouble, les médias américains étant séparés entre pro et anti-Poutine. La plupart des journalistes s’accordent néanmoins pour critiquer le président russe.

Crédits : Time
Crédits : Time

Néanmoins, en 2013 le magazine californien Esquire avait défrayé la chronique, en se posant la question fondamentale : « Vladimir Poutine est-il un hipster qui s’ignore ? » A la clé, un commentaire surprenant sur l’apparence et l’attitude du président. La réaction des autres médias ne s’était pas fait attendre, fustigeant l’article du magazine. Mais le papier d’Esquire est tout de même révélateur d’un véritable ras-le-bol d’une partie des Occidentaux, fatigués de la diabolisation de Vladimir Poutine, telle qu’ils la vivent tous les jours dans la presse ou dans la vie politique.

Adulé en Russie où la plupart, voire tous les supports d’informations sont achetés et contrôlés par l’Etat, Vladimir Poutine est détesté en Occident. Qu’on l’aime ou non, le président russe ne laisse pas indifférent, aucun avis neutre ne paraissant dans les journaux. Le magazine Forbes ne s’y est d’ailleurs pas trompé. Voilà déjà deux années successives que Vladimir Poutine est considéré comme l’homme le plus influent du monde, détrônant Barack Obama. Une victoire médiatique et politique pour cet ancien fils d’ouvrier arrivé aux plus hautes strates du pouvoir qui vient là d’initier une nouvelle forme de dictature par l’image.

Louise-Camille Bouttier et Marine Minnekeer

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